Tout bac en bonne santé favorise la croissance des coraux à l’infinie, entrainant un besoin en calcium notamment de plus en plus important.
J’utilise, comme je l’ai déjà expliqué dans un précédent article un réacteur à calcaire, technique qui nécessite l’injection de CO2 afin de le dissoudre. Bien que le substrat, de l’ARM extra coarse, étant celui qui se dissout le plus facilement et donc avec un PH un peu moins bas que pour d’autres, la très forte population en corail de mon bac m’obligeait à appliquer une consigne interne de 6.1 voire, 6.0 interne du RAC. Le PH du bac en était considérablement influencé puisqu’il descendait parfois à 7.60. Mettons de côté les erreurs éventuelles de réglages qui auraient pu aboutir à ce résultat (débit entre bac et RAC inadapté, mauvais brassage éventuel interne du RAC, etc…), j’ai suffisamment creusé l’affaire pour bien maitriser cette technique et affirmer que je ne pouvais rien faire pour améliorer la situation. La conséquence à cela s’est traduite par la nécessité de changer de réacteur à calcaire pour un modèle plus grand, afin d’améliorer son rendement en offrant une plus grande quantité de substrat pour une même quantité de CO2 injectée afin de pouvoir obtenir le même résultat sur l’apport de calcium pour une consigne de PH interne moins basse. Cela a bien fonctionné puisqu’un PH de 6, 5 suffisait. Cela a permis pendant un temps d’améliorer les choses, je remercie au passage Sylvain de AQUASYL qui a malheureusement arrêté son entreprise depuis, pour avoir pu me fabriquer cette bête de course (diamètre 25cm avec à la clef un volume de substrat conséquent, pompe EHEIM 1262 pour le brassage, etc…) grâce à son savoir-faire indéniable…quel dommage qu’il ait arrêté son activité…
Quoi qu’il en soit, les coraux ont continué à pousser et j’ai progressivement du me résigner une nouvelle fois à baisser la consigne interne du RAC, avec les même conséquences que précédemment sur le PH du bac, à savoir une chute de sa valeur lors de l’extinction de l’éclairage jusqu’à parfois 7.60. La conséquence à cela ? Des petits blanchiments ici ou là sur certains coraux (aucun grand changement d’eau ne permettait de stopper ce phénomène), et un effet délavé sur les couleurs des coraux en début d’éclairage et jusqu’à ce que le PH redevienne correcte, donc pendant deux bonnes heures.
Il est clair que le fait que mon bac soit ancien (6 ans et demi à l’époque) et qu’il comporte une quantité non négligeable de sédiments accumulés au fil du temps ne va pas dans le bon sens puisque cela a certainement tendance aussi à faire chuter le PH.
Il me fallait donc trouver une solution, j’ai alors cherché une autre piste : et si mon écumeur (lio51) tout de même âgé de plus de 6 ans avait perdu de son rendement (éventuelle usure des picos du rotor), diminuant du coup l’oxygénation du bac et donc n’aidant plus à maintenant un PH suffisant la nuit? J’ai donc téléphoné à Lionel, son concepteur, afin de lever le doute. Il m’a rapidement rassuré (aucune usure, il est invincible cet écumeur
). C’est au fil de la discussion avec lui qu’il m’a suggéré, pour l’avoir mise en pratique depuis longtemps chez lui, d’essayer la méthode de Régisdoutres, très bien décrite dans un article rédigé par son inventeur ici :
http://www.cap-recifal.com/calcium-kh-et-ph-stables-en-aquarium-recifal-le-lait-de-chauxJ’ai bien étudié la technique avant de la mettre en pratique et oser franchir le pas il y a environ 6 mois. Je n’ai pas voulu jouer aux apprentis sorcier donc j’ai souhaité me rapprocher le plus possible des conseils de Régisdoutres, à un détail près, j’utilise une pompe pour mélanger l’hydroxyde et non pas un agitateur magnétique. Je tiens à dire que cette dernière qui est une EHEIM 1250, conseillé par Lionel, est d’une robustesse à toute épreuve car elle n’a encore jamais montré de signe de fatigue malgré les agressions qu’elle subit quotidiennement à cause des particules d’hydroxyde.
Voici quelques schémas et photos qui illustrent mon installation :
Réglage des 2 PHmètres :
Celui de sécurité qui surveille le PH du bac est réglé à 8.40 (et donc qui veille à ce qu'il ne monte pas plus haut en cas d'emballement)
Celui qui pilote les injections et donc qui surveille la sortie boite de mélange : 8. 15
Mon matériel :
- Pompe doseuse SP3000 avec capteur de niveau de sécurité (pour éviter un débordement par une osmolation continue de la pompe doseuse si jamais la quantité d’hydroxyde contenue dans le RAH n’est plus suffisante pour atteindre la consigne)
- Pompe de mélange du RAH : EHEIM 1250
- 2 PHmètres WEIPRO (version pH-2010B) avec prise commandée, c’est la version qui coupe l’alimentation en cas de PH plus haut que la consigne (l’inverse donc de ceux pilotant mon RAC)
- 1 RAH (réacteur à Hydroxyde)
- une boite cylindrique de mélange dont le diamètre de sortie en 32mm (et dans laquelle est placée la sonde de commande d’injection) est suffisant pour garantir un débit correcte.
Conclusion après 6 mois d’utilisation :
Pas d’effet négatif tel qu’un voile blanc du à d’éventuelles précipitations, dès lors qu’on ne force pas trop le PH, à savoir qu’on ne tente pas de faire monter sa valeur plus haut qu’elle ne serait atteinte sans cette technique : en gros, chez moi, à partir du moment où les lampes sont allumées et que le PH dépasse 8.10, donc assez vite, les injections sont stoppées, et le PH atteint entre 8.15 et 8.20 ensuite naturellement.
Le PH oscille dorénavant, avec mes réglages actuels, entre 8.00 8.05 et 8.15 8.20
Plus d’aspect délavé des coraux au début de l’éclairage, les blanchiments se sont progressivement arrêtés (cela a pris tout de même quelque semaines), signe que le PH bas peut à priori perturber à long terme nos coraux. Précision importante, j’y suis allé doucement, je n’ai pas, tout comme le conseille Régis d’ailleurs, appliqué les consignes actuelles du premier coup.
La consigne interne de mon RAC a été remontée à 6.5 du fait que la technique de Régis apporte aussi pas mal de calcium. Je consomme donc moins de CO2 et moins d’ARM…bon par contre je consomme pas mal d’Hydroxyde, environ 600g par semaine.
Je suis donc devenu un fervent partisan de cette technique qui peut être selon moi suffisante (donc non couplée à un RAC) sur de nombreux bacs jusqu’à une population de coraux assez conséquente.